La Chair et l'Ambre by Francaix Audrey

La Chair et l'Ambre by Francaix Audrey

Auteur:Francaix,Audrey [Francaix,Audrey]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy, Erotique
ISBN: 9782915621037
Éditeur: OCTOBRE
Publié: 2005-03-07T23:00:00+00:00


19

La vieille marchande, porteuse d’une cotte pourpre, un vase sur la tête et un pot dans chaque main, descendait tout droit des campagnes du nord pour venir vendre ses produits à l’angle de la rue des chaudronniers et de celle des biscuitiers.

— Ah mon lait crémeux ! clamait-elle. Qui veut du bon lait chaud ? Garanti sans eau ! Lait de chèvre ou lait d’ânesse…

L’oublieur, un corbillon rempli d’hosties accroché au cou, préférait proposer ses gâteaux d’offrande dans le quartier des chapeliers. Dans celui des pâtissiers, il aurait été exposé aux coups de bâtons des artisans auxquels il faisait de la concurrence ! Quant à Toddi, à l’instar des diseurs de charades ou des marchands de prose, il pouvait circuler dans toutes les ruelles… du moins, si la largeur de celles-ci permettait à sa charrette de s’y engouffrer !

Le boutiquier ambulant avait passé la nuit dans la forêt, à l’abri des grands axes. Il connaissait les bonnes cachettes où dormir tranquille et d’ailleurs, son sommeil, bien qu’entrecoupé de cauchemars et d’angoisses, durait toujours au moins huit praxis ! Il avait dû nourrir deux fois l’Elronce avec du lait que lui avait confié Josalem. Pour cela, il avait laissé le bébé dans le landeuil, et avec une paire de gants, lui avait collé une corne percée dans la bouche. Ensuite, il était allé à la rivière se laver les mains une bonne demi-douzaine de fois.

En ce milieu de matinée, beaucoup de Ginusais faisaient leurs achats pour le déjeuner. Ainsi, aux odeurs de poissons se mêlaient celles de poulets rôtis et de pain chaud. Certaines mettaient en appétit tandis que d’autres, notamment celle des harengs ayant supporté quelques aghedals, ou des viandes cuites à la simple chaleur des journées de calcine, soulevaient le cœur du camelot. Aux étalages colorés et délicieusement parfumés s’opposaient les rangées de fruits blets et de viennoiseries moisies… tout comme les nobles tissus pouvaient faire face aux fripes, les domestiques emboîter le pas des bourgeois, et les Jésalines piétiner les ombres des catins ! La ville offrait un spectacle de diversité et de bigarrure bourdonnante et fébrile. Toddi y avait grandi, et il était content de retrouver cette hétérogénéité cacophonique, même s’il appréciait de la quitter régulièrement. Lorsqu’il s’en éloignait durant plusieurs jours, elle finissait par lui manquer.

— Eh, le marchand d’orviétan ! De retour parmi nous ? le héla soudain Fidgar, l’arracheur de dents.

Ce dernier officiait sur le pas de son cabinet. Des parents y entraînaient leurs gamins terrifiés. Les bambins braillaient en entendant hurler les petits malheureux sur le siège garni de sangles. Mais une fois la carie soignée, les gosses aux joues enflées avaient droit au réconfort offert par la femme du praticien… Elle les invitait dans le cabinet pour donner aux gamines et plus jeunes des ramolins[15], et aux garçons pubères l’autorisation de caresser sa poitrine opulente durant quelques instants.

Toddi salua Fidgar et poursuivit son chemin. Le bébé dormait toujours dans le landeuil relié au siège du boutiquier par une longue chaîne. Le camelot se méfiait des voleurs.



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